4 avril 2022

Challenge des Z'Héros n°4 : Jardin Zéro Déchet!

Le Jardin des vers : une ouverture sur le champ des possibles!

Un challenge un peu atypique, juste une histoire pour trouver de l'inspiration et de l'énergie...

 

En ce samedi matin de début avril nous nous sommes retrouvé·e·s rue Georges Berthomé à Rezé pour visiter le jardin de Frédéric. Cette visite a été organisée dans le cadre du Défi Zéro Déchet pour aborder la sobriété au jardin. Nous ne sommes pas nombreux, 5 curieux et curieuses avides de savoirs et savoir-faire ont répondu présent·e·s.

 

Il fait frais, beau, mais bien frisquet, il a même gelé au petit matin. Frédéric nous invite à rentrer dans sa maison. Il s’agit d’une maison de ville sans accès direct au jardin. Nous faisons connaissance autour de la table du salon, Françoise, Grégoire, Mathilde, Sandrine, Léna et Florian, sont impatient·e·s de découvrir LE JARDIN DES VERS.

 

 

Nous passons par la baie vitrée et traversons la terrasse pour accéder au petit jardin de ville d’environ 80m2. Le jardin à l’apparence d’une petite forêt avec plusieurs arbustes assez hauts. Frédéric commence par nous présenter un composteur. D’apparence classique ce composteur fonctionne comme un lombricomposteur. Les apports sont faibles afin qu’il ne monte pas en température, assez humide, le milieu est propice au développement des lombrics. Frédéric nous montre d’ailleurs avec une petite griffe le contenu du composteurs. Nous sommes toutes et tous ébahis par la vie qui s’y développe, lombrics, cocons de lombrics, enchytrées, collemboles, champignons et bactéries, etc. Un véritable écosystème qui transforme la matière organique en compost. Pour mener à bien ce processus et développer l’élevage de lombrics Frédéric utilise également un grand bac poubelle à 4 roues de 770l. L’élevage de lombrics a été la première activité de Frédéric. Auparavant il valorisait les invendus alimentaires d’un magasin biologique sur l’île de Nantes, et faisait de la logistique urbaine avec son vélo cargo (sans assistance électrique) sur lequel étaient attelées quelques remorques.

 

 

Les vers élevés chez Frédéric ont essaimé partout sur la métropole nantaise puisque c’est ici que l’association Les Boîtes Vertes s’approvisionne pour fournir aux participant·e·s au Défi 'et à bie, d'autres) des litières afin de démarrer un lombricomposteur. Il y a donc fort à parier que vos lombrics soient issus de près ou de loin génétiquement à ceux de Frédéric.

 

Aussitôt Frédéric nous parle de l’utilisation du produit, le lombricompost, avec un exemple original : le marcottage aérien. Les figuiers au dessus de nos têtes sont habillés de quelques bouteilles de lait en PEHD au fond coupé. Frédéric affuble quelques tiges verticales de ceci, avec du papier journal au fond du goulot et rempli de compost. Un an plus tard, il est alors temps de couper au sécateur la base de la tige, de petits clones ont été créés. Ils auront les mêmes qualités que leur parent. À proximité nous pouvons également observer un poivrier du Sichuan, Frédéric les cultive car ils entrent dans la composition de ses boissons dont nous parlerons plus tard. Afin de protéger un figuier du chien de la maison, Frédéric a fait une petite butte avec des coquilles d’huîtres et du grillage à poules. Cela conserve la fraîcheur car le jardin est orienté plein sud, cela permet aussi d’apporter un amendement calcaire qu’apprécie particulièrement le figuier. Grégoire, écologue dans sa vie professionnelle, nous fait remarquer que les cuvettes des huîtres creuses pourraient être un milieu propice au développement des moustiques tigres, attention en général aux eaux stagnantes.

 

 

Frédéric nous invite à traverser la route pour nous faire visiter une autre parcelle, il n’en est pas le propriétaire mais en a l’usage partagé. Cette parcelle de 13 000m2 est la propriété de Nantes Métropole et est utilisée par l’association le champ des possibles.

Nous nous engageons dans un petit sentier entre une haie et une clôture. Sur notre gauche s’étend un potager en planches, très dense et très esthétique. Il s’agit du royaume des canards coureurs indiens.

 

 

Afin d’attirer les animaux de la basse cour Frédéric propose de leur préparer leur ration quotidienne. Il s’agit d’un aliment constitué exclusivement de déchets, de la drêche de brasserie, des miettes de trancheuses à pain et des coquilles d’huîtres broyées. En un tour de main, Frédéric nous fait une démonstration du broyage des coquilles, sans trop d’efforts les coquilles se retrouvent mangeables par les poules et complètent leur alimentation en calcaire, indispensable pour les coquilles de leurs œufs. Ce broyat de coquilles peut être tamisé si besoin, les plus gros morceaux peuvent même être utilisés comme matériaux drainant pour le rempotage. La drêche provient de la brasserie bio rezéenne Philmore. Afin de pouvoir la conserver, Frédéric utilise le principe de la lacto-fermentation. Il en résulte comme une petite odeur de maïs ensilé. Les miettes de trancheuses à pain glanées dans quelques boulangerie, riches en graines, viennent compléter ce mélange bien complet !

 

 

L’élevage de canards coureurs indiens est une autre facette des activités de Frédéric. Il vend des œufs fécondés afin de multiplier et disséminer cette espèce qui a beaucoup d’avantages dans un potager zéro déchet. En effet Frédéric nous vante les qualités de ce canard, il a une activité nocturne et dévore ainsi les limaces et escargots lors des nuits pluvieuses, il ne fait pas de bruit, n’a pas besoin de poulailler, ne saute pas plus haut que 40cm, n’a besoin que d’un petit point d’eau (type bassine). Il pond certes un peu moins qu’une poule pondeuse mais ses beaux œufs sont tout aussi qualitatifs, utilisables en pâtisserie, à la coque (le jaune est mousseux), brouillé, au plat, omelette, etc.

 

 

Lorsque Frédéric nous parle de sa basse cour nous croisons une voisine du quartier qui vient donner ses épluchures aux poules, elle verse le contenu de son seau par dessus le grillage dans une vieille brouette percée, rien ne se perd !

 

 

Le terrain sert également de pépinière pour tout un tas de plantes et arbustes, car Frédéric multiplie les vers, les canards mais également les plantes, le lieu déborde de vie.

Nous poursuivons notre visite vers une petite prairie gérée en éco-pâturage par deux brebis de la race Mouton d’Ouessant accompagnées de leurs jeunes agneaux. Elles sont curieuses mais gardent leurs distances. Frédéric nous explique qu’un éleveur apporte tous les ans son bélier pour les saillir, il rachète ensuite les jeunes, ce qui permet à l’association d’avoir quelques revenus.

Un chantier borde cette parcelle, des arbres ont été déracinés, de nouveaux logements vont apparaître d’ici peu.

 

 

Le soleil monte et nous réchauffe un petit peu, nous poursuivons la visite en profitant du chant printanier du Merle noir, du Rouge-gorge, du Pinson des arbres, des Mésanges bleues et charbonnières, des Orites à longue queues et du Pouillot véloce…

Nous passons devant le verger partagé. Frédéric nous explique le rôle des poules qui nettoient sous les fruitiers. Le verger est rendu accessible aux habitant·e·s en période de récolte.

Nous accédons à une zone plus sauvage et naturelle, Les bourdons butinent… Cette friche fait face à quelques pavillons qui semblent d’après Léna assez en harmonie avec le lieu, matériaux naturels, bonne exposition, puits de lumière, poêles à bois, jardins « nature »…

 

Nous croisons quelques voisins affairés sur le jardin collectif au pied d’un bouleau. L’usage de palettes de récup’, de récupérateurs d’eau de pluie, de paillage issues de bottes de champignonnières semble nous indiquer un jardin conduit de manière écologique.

Frédéric nous explique que nous nous trouvons face au « poulager », le potager qui sert à compléter l'alimentation des poules.

Sandrine note que le chou monté en graine est très joli…

 

 

Nous poursuivons notre chemin et passons à proximité d’une petite station de Jacinthes des bois.

 

 

De retour à notre point de départ Frédéric nous invite à nous installer autour de sa table à manger pour nous présenter son activité autour des boissons vivantes. Depuis maintenant deux ans Frédéric produit du Kéfir de fruits, une boisson vivante et pétillante qui se rapproche un peu d’une limonade.

Frédéric nous parle également du Kéfir de lait, de ses bienfaits, des recettes de fabrication et des utilisations potentielles.

Son petit déjeuner typique est vivant et pétillant, des flocons d’avoine, un peu de sucre et du Kéfir de lait… ça pétille de vie. Cela rappelle à Grégoire les réclames pour une grande marque de riz soufflé.

 

Frédéric nous détaille ensuite un peu le processus de fabrication de ses eaux pétillantes :

- Tests et choix des ingrédients (Frédéric à stabilisé 4 recettes, Eroz, Roze, Ozer et Zero), vous trouverez dans ces boissons tantôt du thé vert, des aiguilles de pin, de la sauge, de l’algue kombu, du gingembre, du curcuma, du poivre du Sichuan, de la chicorée, etc. Ils sont minutieusement pesés et infusés

- Travail du Kéfir qui consomme le sucre

- Filtration (nouvelle production avec les grains de Kéfir et/ou conservation des grains)

- Refermentation en bouteille avec une levure utilisée en brasserie

Nous avons la chance de pouvoir déguster les 4 boissons, les retours sont positifs, plein de saveurs et de subtilités...

Une partie des ingrédients sont produits sur place, les bouteilles sont consignées, glanées (33cl et 75cl), lavées et réutilisées… La boucle est bouclée!

 

 

 

La démarche de Frédéric est globale, il nous présente donc un dernier petit truc pour économiser de l’énergie en cuisinant, la marmite norvégienne ! Le principe est simple, on place notre faitout chauffé préalablement dans un contenant isolant qui va conserver la chaleur et poursuivre la cuisson sans apport d’énergie extérieur.

Frédéric nous explique que pour les haricots rouge par exemple, il suffit, après les avoir fait tremper préalablement, de les porter à ébullition le matin et de placer la cocotte dans la marmite norvégienne. De retour le midi, ils seront non seulement cuits mais encore chauds ! La Marmite de Frédéric est low tech, faites à partir d’un ancien projet de lombricomposteur en bois et de carton…

 

 

Nous échangeons sur la transition écologique en général, la nécessité d’un changement de rapport au temps et d’une révolution culturelle. Nous sommes tou·te·s sous le charme du moment passé, c’est le moment de se quitter... Frédéric nous propose généreusement de repartir avec un souvenir, œuf de canne ou pied de poivrier, nous pourrons toutes et tous ramener un peu de vie et poursuivre l’expérience chez nous.

 

Florian